LE CHANT ORTHODOXE RUSSE

A la fin du 1er millénaire, le prince Vladimir, soucieux de fonder l'unité de son peuple sur les assises de la foi, envoya ses émissaires dans le monde entier en quête d'une vraie religion.
Ceux-ci furent émerveillés par la beauté des chants entendus dans la cathédrale Sainte Sophie à Constantinople : " Nous ne savions plus si nous étions au ciel ou sur terre " lui rapportèrent-ils. C'est ainsi que la Russie devint chrétienne en 988.

La Russie de Kiev, au début, a subi une forte influence grecque mais ce ne fut pas la seule car le patriarche de Constantinople envoya à la cour du prince Vladimir le métropolite Mikhaïl, originaire de Bulgarie ainsi que des évêques, des prêtres et des chanteurs d'origine slave. Le chant ecclésiastique a donc reçu au début une influence slave, puis s'est mêlé au fond populaire ethnique russe. Tandis que l'aristocratie était dirigée spirituellement par le clergé grec, le peuple était guidé par un clergé bulgare de langue slave (le slavon ecclésiastique est encore de nos jours la langue liturgique de l'Eglise russe et d'autres églises slaves orthodoxes).

Le chant revêt une importance particulière dans la liturgie russe orthodoxe. Les chants sont des prières à part entière ; ils ne doivent donc être " produits " que par les voix humaines. L'utilisation des instruments n'est pas d'usage dans les églises russes orthodoxes.

A l'origine, ce sont des chants exécutés à l'unisson par des voix d'hommes.
Au XVIIe siècle, cette forme de chant va se transformer en polyphonies très particulières qui ne correspondent pas au système classique occidental. En russe, on appelle ce type de chant " mnogoglassié " ce qui signifie plusieurs voix. Il est pratiqué par des choeurs mixtes, tout en restant a cappella. (sans aucun instrument de musique).
Au XVIIIe puis XIXe siècles, le chant liturgique russe subit une série d'influences occidentales (polonaise, italienne et allemande) avec d'abord D.Bortniansky puis Tchaïkovsky et jusqu'aux dernières années du XIXe siècle et du début du XXe où des compositeurs, tels que Tchesnokov, Kastalsky, Gretchaninov et Rachmaninov, s'inspirent de l'héritage musical et liturgique de la Russie. (Il y a le même mouvement en iconographie).

Aujourd'hui, le patrimoine polyphonique est d'une richesse exceptionnelle : les ensembles vocaux sont, soit mixtes, soit en voix d'hommes, soit en voix de femmes. Leur répertoire va des mélodies les plus anciennes aux compositeurs contemporains, sans renier la tradition.

REPERTOIRE

N.Diletsky (1630-1681?)
V.Titov (1650-1715)
D.Bortniansky (1751-1825)
P.Tourtchaninoff (1779-1856)
E.Azeiev(1851-1918)
Marinkovic (1851-1931)
A.Kopylov (1854-1911)
S.Mokranjac (1856-1914)
A.Kastalsky (1856-1926)
A.Gretchaninoff (1864-1956)
V.Kalinnikov (1870-1927)
S.Rachmaninoff (1873-1943)
P.Tchesnokov (1877-1944)
M.Konstantinov (1904-1982)
S.Trubatchev (1919-1995)
I.Denissova(1957)
G.Lapaiev (1957)
V.Fainer (1968)